Dès la classe d’accueil (ou petite section) ?
Jean-Marc Buret
Eveline Charmeux
Je ne le pense pas. Ou plutôt, je pense qu’évaluer les apprentissages des enfants en maternelle ne devrait se faire qu’en partie. Je m’explique. Si l’école maternelle se présente dans la vie d’un enfant comme l’amorce d’un long parcours qui déterminera grandement la qualité de sa vie d’adulte, les risques sont trop grands que se développe par l’évaluation, de manière précoce, ce que le psychologue américain Martin Seligman a appelé le sentiment d’impuissance acquise. Il entend ainsi la conviction qui se construit progressivement chez un élève, qu’à partir des informations transmises par son environnement, les caractéristiques de son être le rendent de manière intangible hermétique à un certain nombre d’apprentissages. « J’aime pas lire » « Je sais pas compter » « Je sais pas dessiner » Je postule donc ici que seraient trop risquées, pour des jeunes enfants, des pratiques de l’évaluation qui leur renverraient une image dévalorisée de leur être en construction, ne serait-ce qu’à travers une présentation de leurs manques.
Il me semble en revanche bien plus pertinent de s’autoriser à évaluer pour ne retenir que les réussites et les progrès, qui communiqués, tendent à valoriser ce qui est su ainsi que les efforts. Je pense par exemple à la pratique des cahiers de réussites où les enfants y collent des vignettes qui représentent les réussites manifestées, parmi un spectre large d’activités permises à l’école.
Un tel positionnement soulève la question de la difficulté qui, prise à temps, permettrait de la dépasser. Je défends plutôt la force de l’estime de soi : même si elle ne permet pas de combler toutes les lacunes, elle a le grand avantage d’entretenir l’envie d’essayer (et donc de poursuivre le développement des expériences personnelles) et de réduire la résignation du sentiment d’incompétence.
Sylvain Connac
Michel Derache
Au Québec, six compétences dites développementales, apparaissent au programme et au bulletin. Différentes façons peuvent être mises en place pour ce faire : le portfolio est un bon exemple d’un outil contenant les artéfacts de l’élève et les commentaires de l’enseignant. L’enfant peut le présenter à ses parents lors la rencontre tripartite qui est un excellent moyen de rendre les petits habiles à communiquer leurs réalisations et permet aux parents de lire les observations de l’enseignant.
Micheline-Joanne Durand
Sylvie Fontaine
Par ailleurs, l’évaluation précoce pose le problème des attentes. Or, celles-ci sont complètement inadaptées à quelques mois près selon l’âge des enfants. On s’aperçoit ainsi que nombre d’enfants soumis au redoublement sont de fin d’année et n’avaient simplement besoin que d’un peu de temps.
Bref, je recommande la plus grande prudence dans les évaluations qui peuvent être pratiquées à l’égard des plus petits. Elles doivent être basées sur une pédagogie de la réussite, valorisante, cherchant à mettre en avant ce qui va. Tout constat plus négatif doit faire l’objet de mille précautions débouchant sur des mesures concrètes de remédiation.
Sylvain Grandserre
Olivier Maulini
Martine Meurant
Marie-Thérèse Zerbato-Poudou