Selon les systèmes scolaires cette réponse sera très variable, je pense qu’ici l’important est d’envisager les apprentissages dans une logique qui sera partagée par tous et pour laquelle on pourra voir une continuité (ce qui malheureusement n’est pas toujours le cas !).
Je pense aussi qu’il ne faut pas croire que l’élève doit d’abord maitriser les outils géographiques pour qu’ensuite on puisse l’amener à raisonner. En fait, l’apprentissage de la lecture de la carte ou de la notion d’échelle par exemple n’est pas un préalable à une réflexion géographique. Dès un jeune âge on peut amener l’enfant à raisonner en géographie et graduellement il pourra s’entourer d’outils diversifiés pour le faire, selon son développement cognitif.
Pour malgré tout tenter de répondre directement à la question, je dirais qu’à 8 ans on peut souhaiter que l’élève maitrise les repères spatiaux de base, soit familier avec la carte de même que les éléments humains et physiques de son milieu. Il doit aussi être en mesure de poser des questions géographiques et de recueillir l’information lui permettant d’y répondre. À 12 ans on peut souhaiter que les mêmes habiletés soient présentes (et j’ajouterais alors une première compréhension de l’échelle) mais que les questions géographiques posées soient plus élaborées, que les documents fournis par l’enseignant pour trouver l’information géographique soient plus complexes, bref il y a une continuité mais ce sont les documents avec lesquels l’élève travaille qui se complexifient.

Chantal Déry

Définir des savoirs et savoir-faire précis en géographie que tous les enfants devraient maîtriser à tel ou tel âge n’est pas une démarche qui correspond à ma façon d’envisager la meilleure manière d’accompagner un enfant sur son chemin. D’ailleurs, les tests indicatifs actuellement pratiqués à la fin de la 2e année et en fin de 5e me semblent constituer davantage des carcans que des tremplins pour les enseignants.

De plus, la définition de ces « socles » repose souvent sur une vision pour partie erronée de ce que l’enfant a développé comme relation à l’espace (cfr idées de Piaget à ce sujet, qui sont toujours enseignées dans certaines HE, alors que la recherche les a depuis longtemps remises en question).

Christine Partoune

Il y a la maitrise des savoirs mais aussi des savoir-faire... et je dirais même souvent d'abord des savoir-faire avant les savoirs. Les savoir-faire travaillés en cycle 3 par exemple peuvent servir à fixer des savoirs en cycle 4.
Il est de difficile de lister les savoirs et savoir-faire.
De manière non exhaustive,

• En maternelle, élaborer des repères par rapport à la maison, l'école, interpréter des pictogrammes, élaborer une maquette, observer des photos, des plans simples, décoder des paysages simples et y adjoindre un vocabulaire simple, décrire la météo du jour, reconnaitre les saisons.

• En cycle 2, identifier et repérer des repères fixes au niveau de la classe, de l'école, du quartier, établir la notion d'étalon naturel et l'utiliser à bon escient, pouvoir orienter un plan, construire et utiliser des maquettes, plans, photos simples, suivre un itinéraire, identifier et décrire avec le vocabulaire approprié des caractères humains et naturels dans un paysage, repérer la limite entre le ciel et la terre, reconnaitre des espaces tels que la mer, la forêt, le désert,..., reconnaitre des surfaces planes ou accidentées, décrire la météo du jour à plusieurs moments de la journée, reconnaitre les saisons en argumentant.

• En cycle 3, on peut s'éloigner de l'environnement proche et étendre les connaissances à la Belgique essentiellement tant au niveau politique, oro-hydrographique, aux régions agro-géographiques. Ce qui est important, c'est de favoriser le travail des cartes, ses éléments informatifs et d'être confronté à différents types de cartes (carte topographique, thématique) . On peut également repérer sur une carte du monde les continents, les océans, l'équateur, ... L'étude des paysages peut être affinée en variant les prises de vues. On peut également établir un bulletin météo et argumenter le pourquoi du cycle des saisons.

• En cycle 4, on peut préciser les repères au niveau belge, européen (UE y compris) et mondial au gré de l'actualité, des vécus divers,...Les directions cardinales peuvent être utilisées, on peut définir et utiliser l'échelle numérique, l'altitude, ... en n'hésitant pas à varier le type de cartes. Ce qui est important, c'est de pouvoir argumenter le travail effectué. La description devient plus variée également et plus affinée. On peut analyser un bulletin météo et identifier les grandes zones climatiques mondiales.

Dominique Yernaux

Etant instituteur au cycle 2, il m’est plus facile de répondre pour les élèves de 8 ans qui devraient pouvoir se situer et situer des objets dans un espace vécu ou un espace représenté mais également savoir observer des paysages (et autres documents géographiques) afin de les utiliser, les interpréter, … mais tout ceci est précisé dans les Socles.
Cela dit, il me semble que la démarche d’éveil proposée dans le Programme Intégré devrait être mise en œuvre le plus souvent possible dans nos leçons et que les enfants devraient, en plus des connaissances développer des attitudes et des démarches de recherches afin de pouvoir les transférer dans d’autres situations. Par exemple, si on découvre un nouveau pays, il est plus intéressant que les enfants puissent le faire pour n’importe quel autre pays par la suite … mais pour cela il faut que l’enseignant leur fasse prendre conscience des démarches développées …

David Dusoulier

Je crois que, contrairement à ce que j’entends parfois, le Programme Intégré, même s’il reste général, donne des balises essentielles. Les Socles de Compétences viennent parfois expliciter certains points … mais je pense que les fondamentaux sont bien là !
Les savoirs essentiels (plus détaillés dans les Socles) sont toujours à appuyer sur le savoir- faire. Sinon, on sort de la logique de travail par compétence.
Au cycle 3, j’introduis les notions de plans, cartes. Nous essayons d’analyser les paysages qui nous entourent mais nous observons aussi d’autres paysages de Belgique. Nous utilisons aussi régulièrement l’outil Google Earth pour aller voir de plus haut et sous un autre angle, la réalité.

Marie-Pierre Deridder

La maitrise attendue des savoirs et savoir-faire est énoncée dans les socles de compétences. Les évaluations proposées aux élèves (CEB, évaluations externes du pilotage ou des réseaux…) tiennent compte des attendus à 8 ans, 12 ans et 14 ans.
Pour le niveau maternel, les enfants devraient développer un bagage lexical utile afin de pouvoir se situer et situer des objets par rapport à soi et par rapport à autrui, en vue de décrire des lieux connus et identifier leurs caractéristiques et particularités. En outre, ils devraient construire des stratégies afin de pouvoir utiliser des représentations de l’espace de façon pertinente.
Enfin, il ne faudrait pas occulter le fait que ces savoirs et savoir-faire se construiront dans une démarche de recherche lors de laquelle l’enfant (se) posera des questions, recherchera de l’information, fera des essais et erreurs, structurera ses acquis…

Laurence Blondiau, Sophie Vitry et Mercedes Vercouter

Les savoirs fondamentaux sont explicitement repris dans le prescrit et les programmes revus au cours de ces dernières années. Un véritable ouvrage de plusieurs pages devrait être inséré ici. J’en livre une page à titre d’exemple.

Je m’attarderai davantage sur les savoir-faire car ils diffèrent un peu de ceux habituellement mis en évidence dans les recommandations générales. En effet il est peu fait état des contraintes qu’imposent les nouvelles technologies numériques et les médias audiovisuels pour le traitement et l’exploitation de l’information. Ces savoir-faire touchent aux domaines de la gestion de l’information autant qu’à l’organisation de savoirs acquis ou construits et leur gestion. Ainsi serait-il important de faire en sorte qu’à 12 ans les élèves aient avant tout été formés au développement de l’esprit critique.

Viennent ensuite, et ce n’est pas exhaustif des savoir-faire en lien avec :

• l’acquisition d’une démarche d’observation

• l’acquisition d’une démarche d’orientation : déterminer la position de soi par rapport à un objet du paysage, déterminer la position d’un objet par rapport à un autre 

• l’acquisition d’une démarche de prospection en se déplaçant à l’aide de repères spatiaux et d’instruments : cartes, boussole, gps…

• l’acquisition d’une démarche de questionnement

• la vérification des sources, des données en utilisant des référentiels en ligne, numériques et classiques

• l’utilisation efficace des ressources de la navigation médiatique : dictionnaires, atlas, catalogues, programmes, moteurs de recherche.

• la lecture et l’utilisation de cartes interactives

• la gestion de la fonction d’hypertexte : la fonction des « liens hypertexte » si elle permet une navigation qui nous affranchit d’une utilisation purement linéaire d’un document, peut aussi entrainer des démarches inutiles ou inefficaces. Une telle gestion ne s’improvise donc pas…

• la localisation d’un point ou d’un espace en s’appuyant sur des repères spatiaux ou des éléments naturels : fleuves, lacs, mers, montagnes, …

• l’élaboration d’un croquis (un paysage, un plan général…) et de sa légende

• la lecture compréhensive et critique des interactions homme-environnement

• l’organisation des données collectées selon des thématiques ou domaines : le relief, l’hydrographie, les phénomènes naturels et leurs débordements dramatiques : inondations, éruptions volcanique, tempêtes …

• la formalisation d’un raisonnement au moyen d’un organigramme

• …

Françoise Capacchi

La réponse à cette question nous est imposée par les Socles de compétences qui précisent clairement quels sont les savoirs et savoir-faire propres à l’éveil géographique qu’il faut maitriser à 8 ans, à 12 ans et à 14 ans.
En plus de ces savoirs et savoir-faire spécifiques, il y a lieu de ne pas négliger les savoir-faire communs à l’éveil historique et géographique.

Aline Debouny