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Les maths et moi

Les mathématiques permettraient presque de partager l'humanité en deux camps, sur base des liens que nous avons développés chacun, personnellement, avec cette discipline incontournable de l'école.

D'un côté, il y a ceux qui ont "la bosse" (dont on sait pourtant qu'elle n'existe pas) : ils ont grandi dans la confiance face à tous les pièges et chausse-trapes cachés sous les énoncés de problèmes ou autres défis mathématiques. Nourris du plaisir de chercher le fil, de démêler les noeuds, de trouver la clé ... les mathématiques sont d'abord pour eux un terrain de jeu et d'aventures, où rien de grave ne peut arriver même si le problème résiste. Et dans ce cas, précisément, leur motivation à déjouer la difficulté s'en voit décuplée : difficulté qu'ils perçoivent comme un défi lancé à leur sagacité et non comme une épreuve.

Face à eux, tous ceux que les maths ont stigmatisés
1 à jamais. Car, très souvent matière à sélection ( ... à exclusion), les mathématiques ont laissé un souvenir douloureux dans le passé scolaire de certains adultes. Comme une blessure qui, des années plus tard, laisse encore des traces. Ici, pas d'approche ludique de la difficulté mais, au contraire, le sentiment d'être jugé à travers elle.

Remonter le fil de notre histoire personnelle avec les mathématiques, comprendre pourquoi nous avons tissé avec elles ces liens-là plutôt que d'autres, c'est déjà une manière de mieux s'en rapprocher.

1 : littéralement : marqués au fer comme on le faisait avec les esclaves
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Quelques témoignages :
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Les mathématiques… Gloups!!

Si j'évoque mes souvenirs d'apprentissages mathématiques, je ressens toujours comme un sentiment de "mal être".
Je me souviens de mes 3
e et 5e primaires. Nouvelles matières, rythmes d'apprentissages accélérés. En 3e, nous devions -entre autre- remplir des colonnes de calcul. Je revois les feuilles polycopiées où les colonnes s'alignaient, implacables… C'était assommant et décourageant.
Pourquoi, si on avait réussi le calcul une ou deux fois, fallait-il le refaire encore et encore ? En 5e, nous avions un carnet assez épais où ne figuraient que des calculs, des pages entières de calculs, recto-verso… C'était le devoir du weekend, recopier et compléter bien sûr autant de pages. C'était décourageant, je pensais que je n'en viendrais jamais à bout.


En secondaire, quand les choses deviennent vraiment abstraites et que l'on rentre dans le monde des symboles (pour moi à outrance), le découragement et l'ennui ont fait place à l'incompréhension la plus totale. Le cours se serait donné en chinois, je n'aurais pas été davantage perdue. Je ne comprenais rien, je ne suivais rien, je ne voyais pas où ça me menait et à quoi ça me servait ou servirait plus tard. Je me mettais en "standby" et j'attendais que ça passe.

En 3
e secondaire, le prof. estimait que si nous ne comprenions pas, c'était parce que nous manquions de bonne volonté ou d'intelligence. Lui, il avait fait l'université sans aucun accroc, il n'avait jamais eu besoin de calculette et il était évident que tout était clair comme de l'eau de source : " les maths, c'était en-fan-tin". Nous avions droit à ce petit laïus à chaque cours … de rattrapage.
Je me suis rendue compte bien des années plus tard qu'il ne maîtrisait absolument pas sa matière et qu'il était incapable de sortir de son cursus universitaire qu'il nous régurgitait tel quel, sans aucune adaptation. Aux questions posées, il nous répondait par la même explication que celle donnée plus tôt, avec les mêmes mots, à la virgule près.
Il a fallu l'Ecole Normale et la rencontre avec un professeur de maths qui était un excellent pédagogue - monsieur Lemoine, pour ne pas le citer- pour que je me réconcilie plus ou moins avec les maths. En décortiquant toutes ces théories (les ensembles, les nombres entiers, les nombres décimaux, la géométrie, …) que j'allais devoir transmettre à mon tour et en leur trouvant des applications très pratico-pratiques dans la vie de tous les jours, j'ai enfin compris à quoi servaient les mathématiques. Ouf! C'était moins nébuleux… et finalement, je ne me débrouillais pas si mal.

Aujourd'hui, je suis à l'aise en classe face aux enfants et à la maison face à mes enfants. Et quand ça "coince", je me renseigne, je relis et j'interroge mon époux, fort en maths et aussi excellent pédagogue.
Je ne transmets jamais une matière sans être sure de la comprendre, de la maîtriser et d'être capable de l'expliquer.

Delphine Dehombreux-Brootcorne

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J'ai toujours eu de bonnes notes en mathématiques durant ma scolarité et pourtant, ce n'est franchement pas ma discipline favorite.
Je pense que cela est dû notamment au fait que j'appliquais les règles ou les théorèmes sans vraiment en comprendre le fond. Un peu comme un robot qui reproduit bêtement ce qu'on lui apprend.

D'ailleurs, je remarque que le peu de règles que j'ai encore en tête maintenant, ce sont celles que le professeur avait pris le temps de développer. Le reste me paraissait -et me parait encore- du chinois.
Mais peut-être est-ce dû au fait que je sois plus littéraire ?

Lucrèce Barszez

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A l'école primaire, je ne me souviens pas avoir eu des difficultés particulières en mathématiques, par opposition au français qui me causait d'énormes soucis.
Il y a juste les fameux "problèmes" qui étaient pour moi un peu casse-tête. 
Les jeux de stratégie me plaisaient, je jouais souvent aux dames, à “puissance 4“, à “dix de chute" …
Puis en secondaire, je me suis dirigée vers une  option  littéraire. Du coup je me suis retrouvée en "maths faibles" mais mes résultats étaient bons. Ca coulait de source. Durant l'étude obligatoire, j'allais expliquer les exercices à un élève en difficulté. 
J'ai toujours été fascinée par les équations, par le langage mathématique. Loin d'être une "matheuse", j'aimais relever les défis mathématiques (à ma portée).
Comme enseignante maternelle, je continue aussi à préférer donner ou préparer une situation d'apprentissage en maths.

Julie Deketele

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Merci pour ta confiance, papa !

Très jeune, je suis "entrée" dans le "VRAI monde" des mathématiques ! Dès que j'étais en congé, c'était moi qui, très fière, tenais la caisse dans le commerce de papa.
Avec beaucoup de plaisir, de joie, de responsabilités, de "stress positif", je rendais la monnaie sous l'oeil protecteur de mon père.
C'est cette expérience inoubliable qui m'a, je pense, donné la "bosse des maths".

Véronique Couvreur