Apprendre le métier d'élève cela commence-t-il dès l'école maternelle ?
Christine Caffieaux
Marie-Thérèse Zerbato-Poudou
A la fin de l’école maternelle, les enfants devraient être convaincus des visées de l’école : apprendre. Faire n’a pas de sens s’il ne contribue pas à l’apprendre. Le but d’une journée d’école ne devrait pas être de dire ce que l’on a fait, mais d’expliquer ce que l’on a appris (ou tout du moins compris). Il est plus important de chercher que de terminer, d’essayer que de répondre correctement.
Par exemple, les enseignants pourraient aisément opérationnaliser la distinction entre une faute et une erreur. Un faute, c’est mal, il faut l’éviter, voire la condamner. Une erreur participe aux apprentissages. Elle vaut mille fois mieux que de ne rien faire du tout. Daniel Favre milite dans ses travaux pour que l’on « décontamine l’erreur de la faute. » Essayer, c’est certes prendre le risque de se tromper, c’est aussi la certitude que l’on évolue positivement vers des connaissances de plus en plus affinées. Les enseignants de maternelle devraient être des coaches de l’erreur et insister systématiquement sur le fait que se tromper est bienvenu. La faute serait de ne pas essayer.
A leur service, les pratiques de manipulation de matériel, qui favorisent les engagements et amoindrissent la peur du groupe. Manipuler se fait souvent de manière confidentielle. Les pédagogues montessoriens en ont fait leur levier principal et la force de leurs pratiques.
Sylvain Connac
Danielle Mouraux
Etiennette Vellas
C’est un rôle fondamental de l’école maternelle, non seulement à l’égard des enfants, mais également… des familles ! Venir à l’heure, propre, avec le cahier de liaison signé, le cahier de vie complété par les parents !
La maternelle va jouer un grand rôle dans l’aspect comportemental du métier d’élève. On attend son tour, on se tait, on s’assoit, on se range, on range ce que l’on a sorti, on écoute les autres, on répond aux questions, on partage les jouets, on n’abîme pas les affaires… Une véritable école du contrôle des pulsions !
Mais vu ainsi ce serait oublier que l’école maternelle est aussi celle des premières réussites scolaires, une école de la bonne humeur, de l’accueil, de la bienveillance, des encouragements, de l’expression, des découvertes...
Il faut à la fois que l’enfant « entre dans le moule », mais aussi que celui-ci soit adapté à sa taille ! C’est de cette bonne interaction que dépend en grande partie la réussite à venir.
Sylvain Grandserre
Bien sûr ! Apprendre à n’être plus le centre du monde comme à la maison, à devoir s’en référer à un autre adulte qu’à mon parent, à devoir partager l’environnement et l’attention de l’adulte référent avec de nombreux autres enfants, à être de plus en plus autonome, à faire des choses même quand je n’ai pas envie de les faire, à ne pas obtenir tout tout de suite, etc.
Marianne Leterme
Daniel Gostain