Partant de votre expérience, si vous ne deviez donner qu'un seul conseil aux enseignants afin de les aider à amener chacun de leurs élèves à mieux vivre l'école, quel serait-il ?
Christine Caffieaux
Marie-Thérèse Zerbato-Poudou
Où apprendre prend du sens parce qu’il sert à coopérer avec ses camarades, soit pour transmettre ce que l’on a compris, soit pour ne pas rester seul face à un obstacle difficile.
Où être élève c’est être responsable, c’est-à-dire disposer de vraies fonctions que l’on a choisies et dans lesquelles on a la possibilité d’exercer la singularité de son existence au sein d’un collectif : prendre des responsabilités, les conduire pour d’autres, se réjouir des effets positifs, assumer ses erreurs, apprendre et affiner la personne que l’on est en mesure de devenir.
Où venir à l’école ne se résume pas à attendre qu’un adulte dicte des consignes à exécuter mais invite à entrer dans des démarches de travail émancipateur : qui participent à la formation des personnes, leur permettent de vivre et sortir de conflits, leur donnent la possibilité d’aider des camarades ou la classe entière, reconnaissent les gestes de gentillesse et d’altruisme.
Où la relation avec les enseignants n’est pas un rapport de force, mais une rencontre de personnes engagées dans un contrat bipartite : celui d’apprendre et celui de transmettre. Où les élèves ne dépendent pas des humeurs des adultes, ne sont pas dans un lien de dépendance inhibitrice, mais où ils peuvent profiter de leur expérience de vie, de leurs connaissances, puis en fin de parcours, se quitter avec reconnaissances, sans appréhension de l’avenir.
Sylvain Connac
Le but de l’école n’est pas de vivre, mais d’apprendre avec les autres : c’est un tout autre défi !
Danielle Mouraux
Etiennette Vellas
Chaque professeur devrait faire ce travail de décentration qui permet de prendre conscience de la subjectivité de la culture scolaire. C’est une vraie révolution copernicienne ! Rien ne va de soi or on fait comme si l’importance des notions suffisait à les imposer dans la tête de nos élèves.
J’inviterai aussi mes jeunes collègues – et les plus anciens ! – à ne jamais oublier qu’avant d’être professeurs nous devons être des éducateurs. Par la manière dont on s’occupe des élèves nous faisons passer des principes et des valeurs essentielles à la vie démocratique mais aussi à l’épanouissement personnel. L’école a réussi son travail le jour où on peut se passer d’elle.
Sylvain Grandserre
Qu’ils aient une conscience aigüe de l’impact qu’ils ont sur les élèves qu’ils ont en face d’eux : chaque geste, chaque parole peut avoir un impact déterminant sur l’élève : j’ai vu des enfants « sauvés » grâce au regard positif qu’un enseignant avait posé sur eux ; j’en ai vus détruits par une attitude dont ils se souviennent encore à l’âge adulte.
Qu’ils soient des chercheurs d’or : en chaque enfant il y a du bon ; à eux de le mettre à jour et ils y parviendront en posant un regard bienveillant sur chacun d’eux, quel qu’il soit.
Marianne Leterme
Daniel Gostain