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Partant de votre expérience, si vous ne deviez donner qu'
un seul conseil aux enseignants afin de les aider à amener chacun de leurs élèves à mieux vivre l'école, quel serait-il ?
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Il s’agit peut-être, pour chacun de nous, de questionner notre rapport au savoir. Nous avons parfois tendance à envisager le savoir comme une juxtaposition d’informations, voire une information ponctuelle (par exemple, pour reprendre l’exemple évoqué à la question 1, la connaissance de la « carte d’identité » d’un animal). « Dans cette manière de voir, le savoir est pris comme énoncé solitaire, privé de liens organiques de causalité, d’implication, d’inclusion, etc., qu’il pourrait entretenir avec d’autres énoncés au sein de ces ensembles systématiques qu’on appelle sciences ou disciplines » (B. Rey, 1996). A l’inverse, à d’autres moments, nous arrivons à percevoir que le savoir n’est pas seulement une accumulation d’énoncés de faits. Les énoncés ont une cohérence, ils ont des liens entre eux. Dans cette perspective, s’approprier ce savoir, c’est reconstruire intellectuellement les liens qui existent entre les énoncés. Le savoir contient en lui-même sa propre justification (comprendre pourquoi tel animal appartient à telle famille en le comparant à un autre animal ou comprendre comment un animal agit sur son milieu et comment le milieu agit sur lui). Par conséquent, cette justification n’est attachée à aucune personne particulière. Dans la perspective du savoir « juxtaposition d’informations », on demande à l’élève d’enregistrer ce que l’enseignant dit. Ainsi, pour l’élève, une affirmation ne peut être validée que par l’enseignant (ou l’adulte). Remettre ce savoir en question, c’est remettre l’enseignant en question. Par contre, dans la perspective d’un savoir dont il convient de (re)construire les liens de cohérence entre différents énoncés, ce que Rey (2011) nomme textualité des savoirs, il se pourrait que les pratiques enseignantes centrent différemment l’attention des élèves et incitent ceux-ci à justifier leurs productions par leur adéquation au savoir.

Christine Caffieaux

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Il faut penser et organiser un milieu de travail qui puisse favoriser les échanges sociaux et les apprentissages. Veiller au dialogue pédagogique, à clarifier les objectifs des tâches scolaires, à proposer des projets à réaliser, à donner le sentiment que ce qu’on apprend est passionnant.

Marie-Thérèse Zerbato-Poudou

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Faire de l’école un lieu de vie authentique et coopérative, basée sur des relations vraies.
Où apprendre prend du sens parce qu’il sert à coopérer avec ses camarades, soit pour transmettre ce que l’on a compris, soit pour ne pas rester seul face à un obstacle difficile.
Où être élève c’est être responsable, c’est-à-dire disposer de vraies fonctions que l’on a choisies et dans lesquelles on a la possibilité d’exercer la singularité de son existence au sein d’un collectif : prendre des responsabilités, les conduire pour d’autres, se réjouir des effets positifs, assumer ses erreurs, apprendre et affiner la personne que l’on est en mesure de devenir.
Où venir à l’école ne se résume pas à attendre qu’un adulte dicte des consignes à exécuter mais invite à entrer dans des démarches de travail émancipateur : qui participent à la formation des personnes, leur permettent de vivre et sortir de conflits, leur donnent la possibilité d’aider des camarades ou la classe entière, reconnaissent les gestes de gentillesse et d’altruisme.
Où la relation avec les enseignants n’est pas un rapport de force, mais une rencontre de personnes engagées dans un contrat bipartite : celui d’apprendre et celui de transmettre. Où les élèves ne dépendent pas des humeurs des adultes, ne sont pas dans un lien de dépendance inhibitrice, mais où ils peuvent profiter de leur expérience de vie, de leurs connaissances, puis en fin de parcours, se quitter avec reconnaissances, sans appréhension de l’avenir.

Sylvain Connac

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Observer ce qui se passe en classe et chercher dans quels malentendus les élèves sont plongés par les enseignants eux-mêmes (souvent à leur insu !).
Le but de l’école n’est pas de vivre, mais d’apprendre avec les autres : c’est un tout autre défi !


Danielle Mouraux

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Vérifiez durant toute votre carrière si vous postulez bien toujours l’éducabilité de tous vos élèves et battez-vous collectivement pour débarrasser la période d’instruction obligatoire de toute sélection.


Etiennette Vellas

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Chaque professeur devrait faire ce travail de décentration qui permet de prendre conscience de la subjectivité de la culture scolaire. C’est une vraie révolution copernicienne ! Rien ne va de soi or on fait comme si l’importance des notions suffisait à les imposer dans la tête de nos élèves.
J’inviterai aussi mes jeunes collègues – et les plus anciens ! – à ne jamais oublier qu’avant d’être professeurs nous devons être des éducateurs. Par la manière dont on s’occupe des élèves nous faisons passer des principes et des valeurs essentielles à la vie démocratique mais aussi à l’épanouissement personnel. L’école a réussi son travail le jour où on peut se passer d’elle.


Sylvain Grandserre

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Qu’ils aient une conscience aigüe de l’impact qu’ils ont sur les élèves qu’ils ont en face d’eux : chaque geste, chaque parole peut avoir un impact déterminant sur l’élève : j’ai vu des enfants « sauvés » grâce au regard positif qu’un enseignant avait posé sur eux ; j’en ai vus détruits par une attitude dont ils se souviennent encore à l’âge adulte.
Qu’ils soient des chercheurs d’or : en chaque enfant il y a du bon ; à eux de le mettre à jour et ils y parviendront en posant un regard bienveillant sur chacun d’eux, quel qu’il soit.


Marianne Leterme

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Laisser/donner du temps aux apprentissages. Ne pas se laisser « bouffer » par les exigences institutionnelles en termes de progression, de contrôle, d’urgence et d’« efficacité ».

Daniel Gostain